samedi 15 septembre 2012

Souvenirs, souvenirs...

Le monde d'Hier : Souvenirs d'un Européen
(Die Welt von Gestern: Erinnerungen eines Europäers)
- Stefan Zweig

Résumé :

Le monde d'hier, c'est la Vienne et l'Europe d'avant 1914, où Stefan Zweig a grandi et connu ses premiers succès d'écrivain, passionnément lu, écrit et voyagé, lié amitié avec Freud et Verhaeren, Rilke et Valéry... Un monde de stabilité où, malgré les tensions nationalistes, la liberté de l'esprit conservait toutes ses prérogatives.
Livre nostalgique ? Assurément. Livre-témoignage parsemé d'anecdotes, plein de charme et de couleurs, de drames aussi, ce tableau d'un demi-siècle de l'histoire de l'Europe résume le sens d'une vie, d'un engagement d'écrivain, d'un idéal.

Avis :

C'est le premier livre de Stefan Zweig que je lis. Étant germaniste, c'était un auteur que je me devais de connaître ! La lecture en V.O. m'a posé quelques difficultés, mais le style de Zweig est très plaisant.



Le Monde d'Hier est un récit autobiographique. C'est aussi le témoignage de Zweig, auteur autrichien, sur l'Europe du début du XXe siècle.

Le roman n'est pas dans la tendance à la naïveté quant à ce monde d'hier. Zweig est nostalgique, comme on l'est lorsqu'on évoque des souvenirs, mais aussi réaliste : il a un regard objectif sur le passé. Il remarque par exemple qu'il était plutôt naïf autrefois de se sentir tant en sécurité, puisque la guerre a éclaté ! Tout n'était pas parfait. L'Histoire a apporté aussi des éléments positifs.


J'ai beaucoup aimé les moments nostalgiques, surtout lorsque Zweig nous raconte sa jeunesse, ses études ; ils étaient alors avides de connaissances, lui et ses amis rêvaient de devenir de célèbres poètes... Anecdote : leur intérêt pour la littérature dépassait alors leur intérêt pour les filles !


L'environnement de Stefan Zweig nous fait rêver : ces cercles culturels, où tous les grands artistes se connaissaient. Je me suis amusée des réflexions de Zweig sur sa malédiction (la fille glauque^^) : Avec Makowsky, Kainz et Moissy, trois grands acteurs qui sont morts juste avant de jouer ses pièces !



Le Monde d'Hier, c'est aussi le temps des guerres mondiales. Et on se rend compte avec l'auteur, que pour des raisons obscures, la guerre peut toucher tout le monde.
Zweig écrit : "Meine Koffer waren für die Reise nach Belgien zu Verhaeren gepackt, meine Arbeit in gutem Zuge, was hatte der tote Erzherzog in seinem Sarkophag zu tun mit meinem Leben ?" (Mes valises étaient prêtes pour mon voyage en Belgique chez Verhaeren, mon travail en bon chemin, qu'est-ce que la mort du grand-duc dans son sarcophage pouvait bien avoir à faire avec ma vie ?)

Le point de vue d'écrivain pendant cette période est vraiment intéressant. Zweig prenait son rôle très au sérieux : il pensait qu'il lui fallait dénoncer par les mots. Est-ce que ne pas agir contre l'ennemi est suffisant pour montrer que l'on est contre la guerre ?

L'avis de Zweig sur la guerre m'a beaucoup interpellée : "Krieg läßt sich mit Vernunft und gerechtem Gefühl nicht koordinieren. Er braucht einen gesteigerten Zustand des Gefühls, er braucht Enthusiasmus für die eigene Sache und Haß gegen der Gegner" (La guerre n'est pas compatible avec la raison, ni les sentiments justes. Elle a besoin que l'état des sentiments augemente, elle a besoin d'enthousiasme envers elle-même et de haine envers l'opposant) Et on s'aperçoit que c'est vrai lorsqu'il dénonce la propagande xénophobe des pays pour justifier leur guerre : "Wer nicht hassen kann, der kann auch nicht richtig lieben" (Celui qui ne hait pas, ne peut pas vraiment aimer)



Cette autobiographie nous donne une vision particulière de l'Europe du début du XXe. Zweig est autrichien, d'habitude nous autres français avons surtout le point de vue des français sur l'affaire ! Mais Zweig est aussi et surtout cosmopolite : c'est un voyageur. Il aime se cultiver, rencontrer des gens... Tout cela était possible dans le Monde d'Hier... puis la guerre est arrivée et a posé de nouvelles règles.
Avec le Monde d'Hier, Stefan Zweig nous amène à réfléchir sur les erreurs du passé et à comprendre l'importance du dialogue entre les peuples, de voir nos ressemblances, plutôt que nos différences. De son point de vue d'écrivain, c'est la culture qui nous lie, et selon moi c'est une très belle vision des choses.




Lu pour les challenges :



Lu pour la lecture commune de Vashta Nerada : voir les autres commentaires des participants ICI !!

Lu avec : Vashta Nerada, Nefertari ...

2 commentaires:

  1. Il donne espoir en disant que la culture nous lie malgré les deux guerres^^

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  2. J'aime beaucoup cet auteur mais je n'ai pas encore eu l'occasion de découvrir cette histoire.

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